Le ministre de la Santé de la Mauritanie parle des efforts déployés pour réduire la COVID-19
Nouakchott - Avec le déclin des cas de COVID-19 après qu'une deuxième vague de la pandémie en Mauritanie ait connu une hausse rapide et significative, le ministre de la Santé, le Dr Mohamed Nedhirou Hamed, nous fait part des efforts qui ont abouti à la limitation de la propagation du virus et des leçons apprises qui peuvent être appliquées à une éventuelle vaccination contre la COVID-19.
De nombreux pays sont actuellement confrontés à une deuxième vague de cas, mais la Mauritanie connaît une diminution. Quelles stratégies ont contribué à cette baisse ?
La Mauritanie a connu deux vagues de la pandémie de COVID-19, entre les mois de mai et juillet puis tout récemment, une seconde vague qui a débuté en mi-novembre. Cette seconde vague a été plus brutale puisque le pic épidémiologique a été atteint en un mois. Depuis ce pic, le nombre de cas a considérablement baissé jusqu’à l’heure actuelle. Cette situation pourrait s’expliquer par les mesures prises par l’ensemble du gouvernement mauritanien à travers le Comité interministériel, des mesures telles que l’interdiction de tout rassemblement public, l’instauration d’un couvre-feu graduel passant de 18h à 06h00 à 20h00 à 06h00, le fait de veiller au respect de la distanciation sociale et du port du masque dans les espaces publics, en particulier au niveau des écoles et des mosquées.
En plus de ces mesures de prévention, un élément majeur a joué un rôle dans la réduction et le maintien du nombre de cas à un niveau peu élevé. Il s’agit du renforcement du dépistage. Dans notre pays, le taux de dépistage a dépassé 5 % de la population depuis le début de la pandémie.
Pour finir, l’une des raisons expliquant le maintien du nombre de cas à un faible taux est la réussite des campagnes de sensibilisation menées par les structures administratives, la société civile ou encore à travers les médias.
Nous pouvons affirmer que c’est la conjonction de toutes ces mesures et actions qui ont, grâce à Dieu, mené à la baisse des cas dans notre pays et nous espérons que cela continue si Dieu le veut.
Quelles mesures doivent être renforcées pour maintenir le nombre de cas à un faible niveau ?
Pour maintenir ce résultat, il est crucial de continuer à respecter ensemble les gestes barrières dans tous les lieux publics. Le Comité interministériel présidé par le Premier Ministre l’a en effet signalé lors de sa dernière réunion pour passer un message fort aux citoyens, en rappelant que la pandémie est toujours parmi nous tant que des cas sont encore déclarés sur notre territoire.
L’une des décisions phares prises lors de cette réunion fut le renforcement du dépistage qui sera élargi à d’autres cibles. En effet, tandis qu’il était jusqu’à présent focalisé sur les cas suspects et les candidats aux voyages, le dépistage sera dorénavant élargi et ouvert aux volontaires pour nous aider à maîtriser davantage la propagation de la pandémie et maintenir le nombre de cas à un faible niveau.
Quels enseignements ont été tirés de la réponse à la COVID-19 et comment peuvent-ils être appliqués pour garantir le succès d’une campagne de vaccination ?
Le premier enseignement est avant tout la nécessité d’avoir un système de santé solide, résilient et capable de s’adapter aux événements de santé, en particulier aux urgences sanitaires. Lors de la première vague, nous en avons beaucoup appris sur notre système de santé qui s’est progressivement adapté pour répondre à la pandémie. Il est à noter que notre système de soins n’a pas été débordé par les cas simples ou graves.
La santé de manière générale et les épidémies en particulier, ont besoin d’une réponse multisectorielle qui fut l’une des forces de notre pays. En effet, en Mauritanie, bien avant toute déclaration de cas sur le territoire, le gouvernement avait mis en place un Comité interministériel présidé par le Premier Ministre où l’ensemble des ministères se sont engagés à travailler ensemble pour lutter contre cette pandémie.
Cette dimension multisectorielle de la réponse fut essentielle notamment dans l’établissement d’une veille épidémiologique et ce depuis la déclaration du premier cas en Chine ou encore dans la riposte elle-même, qui nécessite l’intervention de l’ensemble des secteurs.
Le troisième enseignement nous a confirmé la place centrale de plusieurs éléments tels que les ressources humaines dans la riposte, dans la prévention et dans la prise en charge. Dans ce cadre, le gouvernement a été renforcé quantitativement par des recrutements additionnels de personnel de santé et qualitativement à travers des formations dispensées à tous les niveaux.
Une autre place centrale est accordée aux acteurs de la communication, qui ont joué un rôle prépondérant dans la riposte qu’ils soient étatiques ou non-étatiques, avec un accent sur les acteurs au niveau communautaire tels que les élus et l’administration locale. En effet, ces leadeurs communautaires sont les plus écoutés par les populations.
Enfin, nous pouvons citer la place occupée par la logistique. Nous avons appris durant cette crise que si les aspects de la logistique ne sont pas adéquatement maîtrisés, cela rend la riposte moins efficace.
Ces enseignements pourront effectivement nous aider dans la réussite de la prochaine campagne de vaccination qui sera pilotée par le même Comité multisectoriel de la riposte à la COVID-19 au niveau central. La place centrale de la communication restera la même puisque la campagne s’appuiera sur cet élément majeur pour convaincre et rassurer les populations. La campagne s’appuiera également sur les ressources humaines, étant donné que le personnel de santé est avant tout l’acteur de la vaccination, qu’il soit civil, militaire ou privé.
Enfin, cette campagne s’appuiera sur l’ensemble des services étatiques, civil ou militaire au niveau opérationnel. Ils seront mis à profit pour aider à l’organisation qui nécessitera une importante logistique, qui comme cité plus haut, jouera une place centrale dans la réussite de cette campagne de vaccination.
Je tiens à finir mes propos en saluant l’accompagnement des partenaires techniques et financiers notamment le système des Nations Unies et en particulier l’appui de l’OMS dans des volets essentiels tels que les ressources humaines et la logistique.